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Depuis quelque temps autour de moi, on me disait « Va rencontrer Claire ! Elle brode. »

Toujours à la recherche de nouvelles découvertes et de nouveaux talents, je prends contact avec notre brodeuse tout en ayant un a priori sur ce que j’allais découvrir – ma grand-mère brodait de belles arabesques sur les draps, j’avais entendu parler du poinct de Tulle, je m’étais essayée à quelques réalisations très académiques, le point de croix n’avait pas de secret pour moi. Je partais confiante à la recherche de ces motifs surannés, certaine de rencontrer une personne qui allait me montrer un agencement de jolies broderies.

Tout cela a volé en éclats dès l’arrivée de Claire à la maison : pas de petit sac, pas de tambour à broder, pas de calque, de diagramme, de toile aïda… Me voilà en train de décharger de sa voiture des panneaux entiers bien cachés, enveloppés, protégés. De grands formats que je n’aurais pas imaginés et que je devine sous les couvertures. Il est évident que ce n’est pas sur la table du salon que j’allais installer tout cela !

Claire déballe alors lentement, délicatement, chaque pièce, une par une, les installe, contre les murs, sur le canapé, à terre, il y en a partout et moi je découvre… Se dévoilent petit à petit de véritables tableaux, des tentures, des toiles rétro-éclairées … Oubliés les a priori, je suis face à des créations d’artiste : l’aiguille a remplacé le crayon, le lin a pris la place de la feuille, les fils se croisent, s’agencent, se marient et créent une harmonie, racontent une histoire, parlent…Bien sûr, on retrouve les points que l’on connaît, bien sûr il y a une technique, une maîtrise, mais moi je ne vois que l’ensemble et je suis sous le charme. Tellement loin de ce que j’imaginais ! Je suis curieuse, j’interroge et Claire raconte : sa démarche artistique a évolué ; à l’origine elle brodait des objets fonctionnels – couverture, couvre-pieds, couvre-lits, chemins de table… La verticalité s’impose à elle petit à petit, elle compose ses broderies comme des tableaux, des estampes, des tentures.

Elle fait de chaque création un moment d’exception, se met dans sa bulle, oublie le quotidien, choisit son tissu, ses matières, ses couleurs. Elle a toujours aimé regarder, toucher, palper. Elle commence un motif à l’instinct, la tête vide, la main libre.. Petit à petit, le mot broder retrouve tout son sens littéraire, elle agence, structure (ou pas), embellit son motif, lui donne corps, le reproduit, l’intègre à un tout, donne un rythme à son tableau, l’équilibre jusqu’à lui trouver suffisamment de cohérence. Elle crée ! Pour elle c’est alors le moyen d’évacuer une pensée obsédante, un moment délicat et en ressortir plus forte, retrouver un souffle, une respiration. Dans ses créations, des femmes, des évanescences, des broderies japonaises héritées des kimonos que sa maman confectionnait, des maisons… Le spectateur, lui, a sa propre lecture, son ressenti, son interprétation…

Faites-vous votre propre idée en venant découvrir ses œuvres ; elle peut aussi ailler sur commande mais attention, vous aurez le choix de la couleur et de la matière mais vous n’obtiendrez pas d’elle qu’elle se conforme à un cadre strict et on ne peut présager du résultat final…

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